La non-construction de la confiance en soi pendant l'enfance : exemple concret - SOMATOTHÉRAPIE

Revenons aux difficultés relationnelles vécues dans l’enfance qui ont détourné, inhibé ou bloqué la non-confiance en soi.

Les comportements que nous avons dû adopter pour nous protéger et les émotions qui les ont accompagnées étant bien ancrés, nous les prenons pour argent comptant. Nos réactions font partie de nous, les émotions paraissent solides – et sont terribles à vivre –, mais en fait elles ne nous appartiennent pas. C’est juste un état pulsionnel, répétitif, habituel qui nous fait réagir.

Voici un exemple, la peur infiltrée dans tous les interstices de la personnalité :

À son entrée dans le cabinet, Lisa ressemblait à s’y méprendre à une « petite souris » apeurée et s’assit en catimini sur le bord de la chaise. Lorsque vint son temps de parole, elle me raconta son douloureux vécu d’une voix à peine audible, en le minimisant, de peur d’être jugée ou de trop déranger. Son regard était fuyant et je voyais bien qu’elle essayait de se cacher à l’intérieur de son enveloppe corporelle.

« Je n’ai pas trouvé ma place, ni dans mon cercle familial ni dans ma fratrie, mais surtout, mon père me faisait très peur. Lorsqu’il était présent, nous étions tous figés et malgré l’envie de nous lâcher lorsqu’il était absent, nous en étions incapables. Cela m’a handicapée dans mes vies professionnelle et relationnelle, et aujourd’hui, j’ai toujours beaucoup de mal à communiquer. Lorsque je rencontre de nouvelles personnes, au lieu de m’exprimer normalement, je perds tous mes moyens et j’ai des manifestations infantiles. Je n’existe pas ! »

Lisa vivait aussi dans un monde très restreint, car son mur d’émotions empli de peurs la paralysait et l’empêchait d’aller vers les autres. Elle n’osait même pas jouer de la guitare chez elle de peur de faire du bruit et de déranger ses voisins.
À soixante ans passés, après 16 ans d’analyse, Lisa n’avait pourtant pas perdu l’espoir de pouvoir enfin se libérer de ses peurs et de la chape d’inhibitions qui étouffaient son être et l’empêchaient de se réaliser.

« Malgré mes peurs, je sens que j’ai un potentiel en moi et j’aimerais tellement faire toutes ces choses qui me font envie ! » À n’en pas douter, la motivation était très présente et allait être bien utile pour provoquer des dépassements de soi.

Le cheminement envers elle-même consista à accepter et à dépasser avec courage son MUR VIBRATOIRE D’ÉMOTIONS, qui ne manqua pas, au début, de s’interposer à chacune de ses actions. Elle devait formater de nouvelles habitudes, celles de se positionner au lieu de fuir et de se donner la permission de faire au lieu de rester dans son cloisonnement constitué d’interdits. Bien sûr, tout cela était préparé en amont dans le cabinet afin qu’elle soit prête à faire ses premiers pas au dehors et soutenue si le découragement l’atteignait.

« Que c’est dur ! » me dit-elle en me racontant les peurs presque palpables qui l’envahissaient au moment de faire une action. Mais, ayant déjà fait plusieurs avancées, elle savait aussi que SON MUR ÉTAIT ILLUSOIRE, car non solide du fait qu’il commençait à s’ébranler : des pierres ayant commencé à tomber.

Après une quinzaine de séances, le schéma négatif était nettoyé et sa nouvelle identité avait bien pris forme. Par la suite, la vigilance avait souvent été de mise pour garder cet élan de vie, mais son âme ne se cacha plus dans ce corps qui semblait ne pas lui appartenir. Elle s’habitait !
Confiante, ayant (re)trouvé l’estime de soi, elle découvrit et apprit à aimer chaque partie d’elle-même, savourant chaque victoire et sa nouvelle force qui se manifestaient dans l’assurance de sa voix et de son regard.

Un an après, l’ayant revue lors d’une rencontre informelle, elle me dit tout en riant être fatiguée et avoir besoin d’un soin. Elle ne savait plus où donner de la tête tant elle avait d’activités diverses et variées et n’hésitait pas à se mettre en avant grâce à des exposés oraux, dans le but de satisfaire et de nourrir son être maintenant insatiable.

Les premières séances instaurèrent la confiance.
L’approche thérapeutique consistait à aider Lisa à DÉPASSER et À LIBÉRER le sentiment de peur qui parasitait son être par des actions simples au début, afin d’ouvrir une brèche dans ses barrières limitantes. Cette brèche finit par s’agrandir et ouvrir tous les possibles.

Un soutien indéfectible et des encouragements sont primordiaux pour maintenir le cap et inscrire de nouvelles habitudes. Chaque avancée est pointée pour construire, pas après pas, l’estime de soi. La barrière du jugement et de la dévalorisation négative est remplacée par l’ouverture sur la fierté du dépassement de soi, d’être et de vivre, tout simplement.

Le Toucher/Méditation débranche la forte charge émotionnelle ancienne et évite d’en mémoriser d’autres.

En plus de l’enseignement de la conduite en conscience®, je proposai à Lisa un exercice qui consistait à lire un écrit debout, dans le fond de la pièce, afin d’affirmer sa voix. Lisa choisit de réciter un poème qu’elle aimait particulièrement et qu’elle avait appris par cœur pour la circonstance.

  1. Au premier essai, recroquevillée sur elle-même, je peinais à l’entendre.

  2. Au deuxième essai, je lui demandai de prononcer son poème comme si elle parlait à un groupe de personnes placées trois mètres devant elle. Le ton monta, mais sa voix gardait en fond une vibration émotionnelle. Peu à peu, son corps se redressa : les peurs commençaient à se retirer.

  3. Au troisième essai, pour ancrer l’affirmation de soi dans le subconscient, je lui proposai de déclamer son poème comme si elle était dans une grande salle pleine de monde. Elle se prit au jeu. Je la vis se planter droite sur ses deux pieds, prendre une profonde inspiration et, d’une voix qui porte, déclamer naturellement. Elle était bien présente et ne se souciait de rien d’autre que de prendre plaisir à partager son poème.

Lisa apprit à s’éloigner de ses anciens disques mentaux, à en diminuer l’impact pulsionnel et à poser un esprit témoin capable d’observer en toute objectivité. Elle disciplina son mental pour ne plus se laisser manipuler par la charge négative de l’ego et l’emprise de son conditionnement. En se réappropriant sa sphère corporelle, elle S’INCARNA DANS LE RÉEL et s’ouvrit à sa nature profonde.
Extrait du livre de Barbara Masri : Libérez-vous de vos conflits intérieurs – La somatothérapie une méthode pour se réconcilier avec Soi, aux Editions du Dauphin.